Ne les oublions pas !



Henri Terré


Maire Adjoint d’Henri Terré, je l’ai bien connu, de 1959 à mai 1972, date où il a passé la mairie à Robert Galley.

Henri Terré est élu Maire de Troyes le 20 octobre 1947 (la ville était détenue par la gauche depuis plus d’1/2 siècle).

Troyes sort de l’occupation : la cité a des quartiers entièrement démolis (avenue du 1er Mai, faubourg Croncels, Rue Diderot, quartier de la Gare, rue Kléber, ...). Le manque de logements se fait cruellement sentir, les quartiers Michelet, Célestin Philbois, Planche Clément sont insalubres, les rues sont dans un état lamentable, les trottoirs sont dangereux, l’éclairage des rues est nul, les services municipaux sont inexistants, les ordures ménagères sont ramassées avec des tombereaux tirés par des chevaux...

Tout est à faire ! Et monsieur Terré fait tout ! Certains fonctionnaires, par dérision, disent qu’il veut tout voir, tout suivre, s’occuper de tout " même du papier wc ! ". J’ai beaucoup travaillé avec lui, et je reconnais que c’est vrai.

Pour les Troyens, ce qui frappe, c’est que même lorsqu’il est parlementaire, on a l’impression qu’il est toujours à la mairie.

On ne peut parler de cet illustre maire, sans évoquer son épouse. Elle personnifie la Ville lors des réceptions, à Troyes comme à l’extérieur. Elle visite les crèches, les personnes âgées, les malades, les associations...

Henri Terré commence par créer et organiser les Services Municipaux, dès 1947, il entreprend la construction de 101 logements à bon marché, 41 logements en groupe d’immeubles collectifs, 60 en Cité Jardins. En 1949, il crée un Office Municipal d’habitations à Bon Marché et construit une Cité de relogement, et des milliers de logements sortent de terre : rue Charles Dutreix, Boulevard Jules Guesde, Cité-Jardins Blanqui, les Chartreux, avenue du 1er Mai, faubourg Croncel, rue Diderot, quartier de la Gare, de Saint-Nizier, de la Planche- Clément...

Il construit le boulevard Jules Guesde, l’avenue Chomedey de Maisonneuve, et pour cela, couvre l’ancien canal de la Haute Seine d’une dalle (ce qui permet à François Baroin de redécouvrir le canal), gardant une partie jusqu’à la rue Hennequin, pour la sauvegarde du site de l’Hôtel-Dieu.

Les églises sont réparées et entretenues, comme les rues et les trottoirs…

A Troyes, 30 000 jeunes (40 % de la population !) ont moins de 24 ans. Le maire me laisse créer : les Maisons des Jeunes et de la Culture (Avenue du 1er mai, Anatole France, Chartreux...), le Service Sport, Jeunesse, Loisirs, l’Office Municipal des Sports et de la Jeunesse… et me consacre une part très importante du budget d’investissement pour réaliser les Prés à Morin, le Stade de la Charme), le Parc des Sports, le Stade des tauxelles, le Stade Gaston Arboin réservé au Moto Ball (dont le maire est très fana), le Stade de l’Aube, les gymnases Beurnonville, Pithou, des Terrasses, Charles Dutreix, Charles Chevalier, Jean Macé, Saint Nizier, des Cumines, la salle omnisport, la construction d’un bassin école à la Piscine du Vouldy, la création d’une Patinoire et de Courts de tennis, dans un hall de la Foire de Champagne, l’aménagement d’une Salle de tir, d’une Salle d’escrime, d’une grande Salle de tennis de table, d’un terrain de camping de 3 hectares, de 3 Centres Médico-Sportifs (les premiers de la région Champagne-Ardenne), d’une Base nautique municipale en bordure du Lac de la Forêt d’Orient, l’implantation des quatre premiers " Mille clubs jeunes " de la région Champagne-Ardenne, le lancement à partir de 1971 des " Expo-jeunesse ", l’acquisition du Domaine de Menois, la création de Troyes Omnisports, initiateur de la renaissance d’un grand club de football à Troyes…

Henri Terré ouvre des crèches familiales, un Centre Médico Psycho Pédagogique, achète des pavillons réservés aux Troyens au Village de Vacances de Lamoura, crée un Centre aéré à Menois, des Clubs du 3ème âge, des Classes de neige, une Cantine Sociale, les Colonies de vacances de Servigny…

M. Terré en 1958, installe un Service des Espaces Verts au Grand Véon, qui va devenir un des plus grands horticulteurs du département, il crée l’ " Office municipal de Tourisme-Syndicat d’Initiatives ".

A partir de 1965, M. Terré me permet de lancer les illuminations des rues pour les fêtes de fin d’année, avec une grand fête populaire…

Henri Terré est un grand européen : Troyes (en même temps que Bordeaux avec Chaban-Delmas), est la première ville de France à se jumeler avec Tournai, puis Darmstadt, Alkmaar, Ziélona-Gora et Chesterfield.

C’est aussi un maire intègre. Deux exemples : il apprend qu’un fonctionnaire ouvre les plis d’une adjudication avant la réunion de la commission, puis en communique les offres à une entreprise, qui peut ainsi devenir la moins disant. Bien entendu, cet employé indélicat reçoit une enveloppe pour son service. Mais, la Ville est obligée d’ajouter un avenant à l’offre retenue, car des détails n’ont pas été pris en compte dans le devis. Ce supplément coûterait à la collectivité 5 fois plus que la somme versée au fonctionnaire ! Le fonctionnaire est mis en retraite anticipée par Henri Terré ! Une autre fois, le maire avise un camion sortant des serres municipales avec des fleurs à repiquer. Il suit le véhicule... jusqu’au domicile d’un fonctionnaire. Rentré à la mairie, Henri Terré fait venir le bénéficiaire dans son bureau, et lui fait signer un chèque représentant le prix des plants livrés !

Je fais donner le nom d’Henri Terré au complexe sportif de Rosières.

Avec Gabriel Thierry maire de Sainte-Savine, il crée en 1960 le Syndicat Intercommunal à Vocation Multiple de l’Agglomération Troyenne (précurseur du Grand Troyes), dont il devient Président-fondateur.

André Bruley, Rédacteur en Chef de l’Est-Eclair, dit de lui : "  La réussite de Terré ne s’explique pas. Est-ce qu’on explique une histoire d’amour ? Terré et Troyes, ce fut la rencontre d’un homme et d’une cité. Une belle histoire " .

Henri Terré met fin à ses jours à la mairie, le vendredi 13 octobre 1978.

Il fut Président du Conseil général de l’Aube, Député, Sénateur …

Il était Chevalier de la Légion d’Honneur, Médaille de la Résistance, Croix du Combattant volontaire, Officier de la Santé Publique, Chevalier de l’Ordre de Léopold, Croix de l’Europe.

Anecdote : " Le Maire de Troyes échappe à un attentat " : Le 31 octobre 1948, vers 21 h, alors que M. Terré, maire de Troyes de Troyes, sortait de chez lui pour aller à une réunion, il fut l'objet d'un attentat. S'apprêtant à reprendre place dans son véhicule, après avoir refermé sa porte de garage, M. Terré entendit une voiture arriver doucement vers lui. Immédiatement à son niveau, on tira dans sa direction 3 coups de révolver, et le véhicule accélérant brutalement disparut dans la nuit. Les auteurs seront difficiles à identifier. La police n'exclut pas un quelconque rapport avec les dernières grèves, mais pense plutôt à un acte politique ". 

    

 

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