Troyes et l'Aube précurseurs



La récupération à Troyes


         Si le mot Récupération, s’apparente trop souvent à celui de déchets, pour les professionnels, ces mêmes déchets sont matière première et démontrent leur rôle d’indispensable maillon dans cette chaîne sans fin qu’est la vie, où rien ne se perd et où tout se transforme.

 

Soyons fiers d’avoir eu à Troyes une très importante entreprise sur le plan national.

 

Une famille d’auvergnats, les Chazelle, montent de leur pays aride à Troyes en 1926, pour entreprendre ce métier difficile, et deviennent rapidement parmi les plus importants de France, et même le dernier plus important négociant en peaux de lapins, ayant de nombreuses filiales : en Belgique (peaux brutes, tannerie, teinture de peaux, coupeurs de poils), en Italie (tannage, teinture de peaux), à Auxerre (coupeurs de poils), Beaumont-sur-Oise (tannerie, teinture), Romilly, St-André, St-Julien (textiles, hygiène, propreté), Troyes (effilochage).

 

Il est logique de commencer par le produit qui fut à la base du métier : le chiffon.

         Le textile récupéré aujourd’hui n’a plus grand chose de commun avec le manteau de St-Martin (soldat chrétien de l’armée romaine, devenu évêques de Tours), patron des effilocheurs, qui avait lacéré son vêtement pour en réchauffer un pauvre mendiant transi.

L’utilisation industrielle du chiffon a été avant tout, la fabrication du papier.

On récupérait aussi les plumes et duvets, pour le rembourrage des matelas, édredons, coussins, cure-dents, les cornes de bœufs, les soies de porc et les crins de chevaux, qui faisaient les brosses, les os qui donnaient une excellente colle, les vieux cordages que l’on effilochait pour en faire du rembourrage de fauteuil. 

 

Depuis les temps les plus reculés de l’histoire, l’homme, d’abord pour se vêtir, puis pour agrémenter son costume, employa les fourrures les plus diverses.

Les peaux de lapin ont fait les beaux jours du métier de récupérateur.

Parmi les petits métiers disparus, mais que beaucoup d’entre nous ont connus, il y a donc le marchand de peaux de lapin. Il passait avec son vélo, frappant un gong en bronze et criant " peaux de lapins ! peaux ! " Il examinait avec soin la peau et, selon la qualité, l’état, la grandeur et la couleur, en offrait jusqu’à 50 centimes (dans ma jeunesse). Les peaux étaient ficelées sur ses porte bagages, et son deux roues était vite recouvert de peaux. Ensuite, il possédait un triporteur, et après, un vieille voiture décapotable, avant de devenir grossiste sédentaire !

 

La ferraille a sa place particulière, et est encore aujourd’hui une matière première utilisée en sidérurgie et dans les fonderies d’acier et de fonte.

Souvenons-nous qu’au début de la seconde guerre mondiale, le gouvernement français préconisait l’Acier victorieux et le recyclage des ferrailles devint le slogan national, jusque sur les cahiers des écoliers ! Cet appel au peuple pour préparer la guerre se retrouvait déjà dans la Bible : " De vos socs, nous forgerons des épées, de vos serpes, des lances " (Yahvé – Chapitre de Joël).

Bombardés et détruits en 1940, les Chazelle construisent (architecte Roland Sonrier) le 1er bâtiment en précontraint de France au Port sec de St-Julien : 50 m x 18, sur 4 niveaux, directement embranché à la SNCF.

Un quart était destiné au triage et stockage des peaux de lapins et lièvres (20 tonnes par mois), trois-quarts pour le stockage des déchets de bonneterie (1.000 tonnes mois).

Les Ets Chazelle récupéraient en plus par mois 1.000 tonnes de déchets papiers et cartons, 3.000 tonnes de ferrailles et métaux, 300 tonnes de plastiques, des milliers de tonnes de récupération d’ordures industrielles… et même, à partir de 1990, faisaient les transports pour les résidus de centrales atomiques à Soulaines.

En 1996, Sita acquiert le groupe Chazelle.

Nul ne saurait se passer de casserole, de voiture...

Et les vieux papiers ? Imaginons un monde sans papier…

Bien sûr, le petit écran peut remplacer L’Est-Eclair ou Libératiion-Champagne, la carte de crédit peut se substituer au chèque…

Mais, nous sommes habitués à acheter des médicaments, un kilo de riz, des chaussures… dans une boîte en carton, sans parler des livres, cahiers, mouchoirs, papier hygiénique…

Non, décidément la vie sans un seul bout de papier n’est pas envisageable dans notre société moderne.

Le papier neuf deviendra du vieux papier, ou de la Fibre Cellulosique de Récupération, dès l’instant où nous l’aurons utilisé.

Il est donc clair que la profession de récupérateur aura toujours un rôle à tenir comme fournisseur de matières premières et d’objets réutilisables.

Merci à mon ami Guy Chazelle qui m'a communiqué de nombreux renseignements pour la réalisation de ce chapitre.

 

 

 

 



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