Autrefois, Troyes était peuplée d’un nombre considérable d’églises et de chapelles.
En 1789, notre cité possède outre la Cathédrale Saint-Pierre, 2 églises collégiales, Saint-Etienne et Saint-Urbain, et 8 paroisses : Saint-Jean, Saint-Rémy, Saint-Nizier, Saint-Denis, Saint-Jacques, Saint-Pantaléon, Saint-Nicolas et Saint-Aventin. La paroisse de Saint-Rémy a en outre 2 annexes : Sainte-Madeleine et Saint-Frobert. Il faut ajouter à cette nomenclature les 3 paroisses des faubourgs : Saint-Martin-ès-Vignes, Saint-Gilles et Sainte-Savine. Enfin, il ne faut pas oublier qu’à cette époque, Troyes compte dans son enceinte et sa banlieue, 15 communautés d’hommes et 10 communautés de femmes, ce qui donne une idée de la place très importante qu’occupaient dans notre ville, les édifices paroissiaux ou conventuels consacrés au culte catholique.
Mais, la Révolution survient, qui modifie profondément cet ordre de choses. Le Chapitre de Saint-Urbain et celui de Saint-Etienne (ce dernier, fondé par les Comtes de Champagne), sont supprimés. Les 8 paroisses de Troyes sont réduites à 4 (Saint-Pierre, Saint-Jean, Saint Pantaléon et Saint-Rémy), et 4 succursales (Saint-Nizier, Saint-Urbain, Saint-Nicolas et Sainte-Madeleine). Les églises Saint-Jacques, Saint-Denis et Saint-Frobert sont fermées, les 2 premières le 7 mai 1791, et les 2 autres, le 27 juin. Elles ont besoin, dit-on alors pour légitimer leur suppression, de réparations essentielles et sont inutiles à la population. De l’église Saint-Jacques, il ne subsiste plus rien aujourd’hui, non plus que de la petite église Saint-Denis, qui est vendue 4.075 livres le 9 Brumaire An III, et démolie pour établir la place du même nom, qui existe encore aujourd’hui. En ce qui concerne l’église Saint-Aventin, les Protestants de Troyes en obtiennent l’usage, le 9 août 1791, pour y exercer leur culte. On écrit alors sur la porte : « Edifice où se réunit une Société particulière pour l’exercice d’un culte religieux. Paix et Liberté ». Cette église a disparu depuis
La paroisse Saint-Frobert n'est pas considérable, elle n'a guère que 6 à 700 communiants. Le chapitre de la cathédrale y a droit de visite et de juridiction. Elle comprend le couvent des Cordeliers, le Petit-Séminaire, autrefois le Petit-Montier-la-Celle et l'emplacement d'une maison d'Orphelins qui n'existe plus en 1783.
Quant à l’église Saint-Frobert, elle est également mise en vente par le District de Troyes, comme Bien national, le 4 juin 1791. Elle est adjugée le 18 juin, au sieur Louis Thiébault, négociant à Troyes, moyennant 13.200 livres. Contrairement aux autres églises dont je viens de parler, elle n’est pas démolie, mais convertie par son acquéreur en logements et en remises à vin. Nombre de nos concitoyens ignorent l’existence de cette église désaffectée, qui se dresse à deux pas de la rue de la Cité, au fond de l’étroite ruelle Saint-Frobert, qui s’appelait autrefois rue de la juiverie, dans le quartier de la Broce aux Juifs. Cette église fut sans doute construite sur l’emplacement d’une synagogue établie avant le XIV° siècle, après l’expulsion des Juifs, sous Charles VII. Un incendie le 6 janvier 1830 en fait tomber les voûtes. Elle n’a plus d’ailleurs que l’aspect d’une haute bâtisse couverte d’ardoises et flanquée de contreforts. Seules, quelques traces d’ogives, encastrées dans les murs, quelques vestiges de fenêtres ogivales, une niche Renaissance au dais richement sculpté et une banale rosace, veuve de ses meneaux de pierre, qui s’arrondit au-dessus de l’entrée principale, l’ancienne destination de cet édifice. Tant de transformations subies ont achevé de faire perdre à l’église Saint-Frobert le peu de caractère architectural qu’elle pouvait avoir.
Du fait de la Révolution, nous avons à déplorer des pertes artistiques beaucoup plus sensibles, comme par exemple les magnifiques églises abbatiales de Saint-Loup et de Montier-la-Celle !
Par contre, Saint-Frobert renfermait un important mobilier et les œuvres d’art y étaient abondantes. L’expert, désigné par le District de Troyes, chargé d’estimer l’église Saint-Frobert en vue de son adjudication comme Bien national, indique : « l’estimation est acceptée, excepté la grille du chœur, les bancs, le buffet d’orgues, les cloches, autels et tableaux ».
On ignore ce que sont devenus aujourd’hui ces objets. On sait seulement qu’ils ne furent pas compris dans la vente du 4 juin 1791, non plus que le reste du mobilier. Une clause du cahier des charges en fait foi.
Le Chanoine troyen Camusat, auteur du « Promptuaire des Saintes Antiquités de Troyes », était inhumé dans une des chapelles de l’église Saint-Frobert.
L’église de Saint-Rémy possède une très belle statue de saint-Frobert.
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