A l’extrémité du faubourg Croncels, pour descendre aux Trévois, on prenait à gauche, une petite rue qui portait le nom de rue de la Vierge. Au milieu de cette rue et du côté de Troyes existait de temps immémorial une chapelle sous le vocable de la Mère de Dieu, et appelée Notre-Dame de l’Echerelle, du nom de la contrée où elle était bâtie.
Les habitants des Trévois en prenaient soin : ils l’ornaient de feuillages, de fleurs et surtout de chandelles aux jours de fête.
Vers le milieu du XVII° siècle, cette chapelle menaça de s’écrouler. Les habitants des environs et notamment ceux du faubourg se cotisèrent et entreprirent de la rebâtir, mais sur le faubourg. Ils en sollicitèrent la permission qu’ils obtinrent de l’autorité épiscopale qui applaudit à leur projet et en autorisa l’exécution.
Ils assirent leur construction en face du Couvent des Chartreux, toujours dans la contrée de l’Echerelle, afin de pouvoir lui conserver le nom dont ils respectaient l’ancienneté.
La nouvelle chapelle se dressa donc rapidement sous la volonté fervente des habitants de Croncels. Cette construction mesurait 8 m de long, 5 m de large. Les murs de pierre de petit appareil étaient arcboutés par 6 contreforts dont 3 de chaque côté, un toit de tuiles couvrait le tout, et un campanile, où pendait une petite cloche, couronnait le modeste édifice. La façade se composait d’un mur à pignon percé d’une porte en arc surbaissé à 2 vantaux, ayant de chaque côté une petite fenêtre à lancette, fermée de barreaux de fer. L’entrée était abritée par un auvent couvert en ardoises, et soutenu par des « brasseaux » de bois appuyés sur des corbeaux de pierre. Au-dessus de cet auvent, au milieu du pignon, était placée une image de la Vierge sur un cul-de-lampe avec cette inscription : Ave Maria.
A l’intérieur, l’édicule était éclairé par 4 fenêtres ogivales, dont 2 à droite et 2 à gauche. Un plafond de bois régnait sur toute la longueur, « rien n’annonçait qu’il n’y eut jamais de voûte ». Le fond était orné d’un autel rectangulaire de pierre, au-dessus duquel était une Notre-Dame-de-Pitié de pierre, grandeur nature, assise et tenant son fils mort appuyé sur ses genoux. Sur la frise qui portait ce groupe on lisait : « Videte si est dolor meus ». A droite était une Sainte Hoïlde, et à gauche une Sainte Mâthie, vierges troyennes, patronnes des jeunes filles de la ville. Une balustrade de bois protégeait le sanctuaire. Entre les 2 fenêtres de droite, sur un piédestal entouré d’une autre balustrade en hémicycle, s’élevait un bel Ecce Homo de pierre, plus grand que nature, et entre celles de gauche, un Saint-Jean-Baptiste, patron de la paroisse dont dépend cette partie du faubourg.
Ces statues indiquaient les fêtes célébrées à la chapelle, c’est-à-dire toutes les fêtes de la Vierge, le Jeudi-Saint, appelé le Grand-Jeudi, Sainte-Mâthie, le 7 mai, jour chômé sous le nom de Fêté des Viergottes, et la Saint-Jean, le 24 juin. Ces 4 dernières qui étaient des jours de foires, amenaient à Troyes « un concours immense de tous les pays environnants et même de localités éloignées ». Un religieux de l’ordre de saint Bruno, établi aux Chartreux, y célébrait la messe à chacun de ces jours.
Les habitants de Croncels s’ingéniaient à orner de leur mieux leur chapelle chérie. Ils la garnissaient de tentures blanches que fournissaient les blanchisseurs des Trévois, ils la décoraient de guirlandes de fleurs et de verdure. Au petit jour, la chapelle était ouverte et illuminée pour recevoir les pieuses personnes qui venaient prier, et attendre l’heure de la messe.
« De l’Aube à la nuit close », la chapelle ne désemplissait pas.
La chapelle recevait, aux Rogations, la visite du clergé de Saint-Jean-au-Marché.
Quand 1789 arriva, la chapelle de l’Echerelle eut le sort du monastère des Chartreux et des autres édifices religieux. Elle fut fermée en 1792, le prêtre banni, les habitants de Croncels étant consternés.
Le décret de 1795 déclara la chapelle bien national, en ordonna la vente et la démolition dans le plus court délai.
L’acquéreur, appréhendant qu’un juste retour à l’ordre ne vint interrompre sa jouissance et lui ravir sa propriété, se hâta de la démolir.
Les statues qui ornaient la chapelle furent mises en pièces.
Il ne reste rien de la chapelle de Notre-Dame de l’Echerelle.
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