Depuis des temps immémoriaux, l’élevage ovin est associé à l’image de la Champagne. La présence de moutons dans l’ornementation de nos abbayes ainsi que « les dimes de laine », révèlent qu’au XII° siècle, la Champagne était déjà peuplée de moutons.
Donc, aux époques gauloise, romaine, médiévale, les moutons étaient là, par conséquent, les bergers et les bergères aussi.
Les écrits du Moyen Age nous racontent la place qu’occupait le mouton dans notre région.
A propos de la locution proverbiale « 99 moutons et 1 champenois font 100 bêtes », en voici l’origine. Au moment de la conquête des Gaules, César, pour favoriser le commerce des moutons de la Champagne, exempta de la taxe les troupeaux au-dessous de 100 têtes. De ce jour, les Champenois ne formèrent plus que des troupeaux de 99 bêtes. César, instruit de la ruse, décida que désormais le berger compterait pour 1 mouton.
Quelle trace en trouve-t-on dans les œuvres littéraires ?
Le premier auteur est Thibaut, comte de Champagne, au XIII° siècle. La pastourelle est un genre lyrique du Moyen Age où un chevalier fait des propositions d’amour à une bergère.
L’œuvre de Jean de Brie nous fait connaître le mieux le métier de berger au Moyen Age : à 11 ans, on lui confie la garde de 120 moutons châtrés, et à 14, il garde 200 brebis.
Pour lui, les qualités morales d’un berger sont : « être de bonnes mœurs, éviter la taverne le bordel et tous les lieux déshonnêtes, les jeux excepté le jeu des marelles et du bâton, ne point jouer aux dés. Il doit être de bonne vie, sobre, chaste et débonnaire… avoir des chausses de blanchet gros, ou de camelin… la brayette doit être de fil tissu de 2 doigts de large à 2 boucles rondes de fer, la chemise, fendue par devant à 2 pointes, et les 2 pans lui permettent d’envelopper son argent…par-dessus, une grosse ceinture de corde menue et forte, à laquelle sont attachés les instruments utiles au berger : boîte à onguent, coureau aigu (pour enlever la gale) des ciseaux (pour couper la laine), une alène à coudre, une trousse à aiguilles, 1 couteau à forte lamelle pour trancher le pain, 1 fourreau pour mettre ses flûtes… Ne pas oublier la panetière, indispensable pour la nourriture du berger et de son chien…1 laisse pour le chien… Le chien doit être grand, fort et carré, portant un gros collier (il ne peut être attaqué ni par les loups, ni par les larrons)…Le berger doit porter une houlette avec un crochet qui sert à attraper la patte des brebis et agneaux…sur la tête, 1 grand chapeau de feutre rond et bien large, et des moufles pour l’hiver…».
Quelles illustrations avons-nous ?
Ces pièces sont du XV° siècle, mais présentent des événements qui se sont déroulés bien antérieurement, à l’époque biblique, telle l’annonce faite aux bergers. La miniature du XV° siècle qui se trouve dans un livre d’Heures conservé au Trésor de la cathédrale de Troyes représente l’annonce faite aux bergers par un ange. Y figurent un berger et une bergère. L’équipement du berger correspond tout à fait à ce qu’a décrit Jean de Brie. Un autre livre d’Heures de la même époque se trouve à la Médiathèque de Troyes. C’est encore une annonce aux bergers : ils sont 2 et le troupeau comporte une vingtaine de moutons. Un vitrail de la cathédrale de Troyes représente l’histoire de Joseph. Ses frères qui gardent les moutons sont habillés d’une façon identique.
Le « Grand calendrier et compost des bergers » édité à Troyes en 1493, véritable encyclopédie, contient 4 parties utiles aux bergers. Au long des XVII° et XVIII° siècles, c’est toujours le « Calendrier des Bergers » qui inaugure chaque nouvelle série des livrets de la Bibliothèque bleue.
En 3 siècles, il y a eu 40 éditions françaises. Ce calendrier est illustré. A la page du titre, on trouve une gravure sur bois qui met en scène 5 bergers, leurs chiens et leurs moutons, et dans l’intérieur du livret, il y a des représentations de bergers.
Dans les « Mystères de la Passion » du XV° siècle, les bergers tiennent une grande place et apportent des renseignements importants sur leur vie et leur état.
Et les bergers d’aujourd’hui, quels sont-ils ?
Car les moutons sont toujours là, et comme l’écrit Marcel Neeser dans le tome CVI des Mémoires de la Société Académique : « l’Aube a toujours été et reste un département pour le mouton ».
Aujourd’hui, le berger ne garde plus. Les troupeaux restent une grande partie de l’année dehors, seuls, jours et nuits, dans des parcs fermés où l’herbe y a été cultivée.
L’important, ce n’est plus la laine, c’est la viande. Autrefois, l’argent tiré de la vente de la laine servait à payer le berger pour l’année. Les races ont été améliorées, sélectionnées.
Les éleveurs de l’Aube ont, en 1974, créé un Groupement de Producteurs qui compte 45 membres et 15.000 brebis.
En 1976, il est dénombré 89.000 têtes dont 43.500 brebis mères.
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