Les Crimes



Derniers moments du condamné Coyot


J’ai retrouvé, un document unique, écrit en 1845, par un témoin des derniers moments du condamné Coyot, et je n’en change pas un seul mot.

       

Coyot part de la prison de Troyes, accompagné de M. l’abbé Geoffroy, vers 3 heures du soir, et arrive à Clairvaux à 5 h ½ du matin.

 

A son arrivée, on le place dans un cachot, où il mange 2 tartines de confiture et boit 1 verre de vin.

 

Puis on le fait sortir pour procéder à la funèbre cérémonie de la toilette.

On lui lie les mains et on commence à couper ses longs cheveux.

Lorsque les sinistres apprêts sont terminés, on fait avancer la charrette sur laquelle le condamné monte, toujours accompagné de M. l’abbé Geoffroy.

 

En quittant son cachot, Coyot aperçoit le directeur de la prison et lui fait ses adieux :

« Je ne vous quitte pas ainsi, réplique ce dernier, je vous accompagnerai jusqu’au dernier moment ».

 

Les principaux employés suivent la charrette, recueillis et tête nue, comme s’ils assistaient à un convoi funèbre.

Cette marche lente et lugubre produit le plus grand effet sur les assistants. On traverse ainsi plusieurs cours et on arrive bientôt dans celle où l’échafaud a été dressé.

 

Les détenus les plus indomptables devaient entourer l’instrument du supplice, mais on change d’avis, et ils ne paraissent point, ils sont en prières à la chapelle.

 

Coyot semble contrarié de ne pas les voir : « J’aurais voulu, dit-il, qu’ils eussent assisté à mon exécution, cela leur aurait servi d’exemple ».

 

Seulement, à une certaine distance, on a fait défiler les jeunes détenus de la centrale, afin que ce triste spectacle put faire sur eux une impression salutaire.

 

Il monte seul sur l’échafaud.

 

Cependant, on s’aperçoit qu’il pâlit. Ses traits se contractent, il semble prêt à défaillir. Et cela se conçoit sans peine, si l’on songe que son supplice dure depuis le moment où il a connu l’anéantissement de ses dernières espérances.

 

Et il semble pressé d’en finir…

Il va au-devant de la mort.

 

M. l’abbé Geoffroy lui fait baiser le crucifix.

Le patient s’y prête volontiers.

Le digne ecclésiastique l’embrasse une dernière fois, au moment où il s’incline vers la fatale lunette.

 

Deux minutes après, l’expiration est accomplie, Coyot n’existe plus.

 

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