Collège Paul Langevin à La Chapelle-Saint-Luc, Place Paul Langevin à Troyes, depuis la délibération du Conseil municipal du 9 novembre 1944,
Paul Langevin est-il un Troyen célèbre ?
Célèbre ? Oui, Troyen ? Non, mais il a vécu à Troyes pendant la dernière guerre.
Paul Langevin naît le 23 janvier 1872. Il se distingue à l’école primaire comme un élève extraordinairement doué. Il fait ses études scientifiques à l’Ecole municipale de physique et chimie industrielle de Paris, de 1888 à 1893. C’est sur les conseils de Pierre Curie, alors chef de travaux dans cette école, qu’il s’oriente vers la recherche et l’enseignement plutôt que vers une carrière d’ingénieur. De 1894 à 1897, il étudie à l’Ecole normale supérieure et à la Faculté des Sciences de l'université de Paris, et obtient les licences ès sciences physiques et ès science mathématique. Lauréat du concours d’agrégation des sciences physiques en 1897, il obtient une bourse de la Ville de Paris, qui lui permet d’aller travailler au Cavensisch Laboratory de Cambridge, prestigieux laboratoire. Il rentre en France en 1898 et rejoint le laboratoire d'enseignement de la physique de la faculté des sciences de l'université de Paris. Langevin obtient le doctorat ès sciences physiques en 1902. Il devient alors professeur au Collège de France pour la chaire de physique générale et expérimentale. En 1904, il participe au congrès international de Saint-Louis, où il fait un rapport sur la physique des électrons. En 1905, il fait des expériences sur les ions de l'atmosphère depuis la tourEiffel et à l'Observatoire du Pic du Midi. Il succède à Pierre Curie au poste de professeur d'électricité générale de l'Ecole supérieure de physique et de chimie industrielles de la ville de Paris. Il se marie avec Emma Jeanne Desfosses (1874-1970) avec laquelle il a quatre enfants, Jean, André, Madeleine et Hélène (entre 1900 et 1909). Il a une brève liaison avec Marie Curie, qui fait scandale dans la société de l'époque. En 1910, quand Marie se rapproche de Paul, elle est déjà veuve depuis quatre ans. Son époux, Pierre, est mort écrasé par un attelage, près de la place Saint-Michel. Elle est amoureuse de Paul Langevin, physicien célèbre, ex-élève de Pierre et de cinq ans son cadet. La solitude de l'une et le mauvais mariage de l'autre les ont rapprochés. Impossible de vivre leur amour au grand jour. Il est marié et sa femme n’est pas commode, n’hésitant pas à « le cogner ».
Il est lauréat de la médaille Hughes en 1915. À partir de 1920, il dirige le Journal de Physique et du Radium. Paul Langevin est directeur de l’Ecole supérieure de physique et de chimie industrielles de la ville de Paris en 1925, poste qu'il conserve jusqu'à sa mort. Il est membre étranger de la Royal Society le 21 juin 1928. Il participe en 1931 au quatrième cours universaire de Davos, avec de nombreux autres intellectuels français et allemands. Il est nommé professeur de physique générale et expérimentale au Collège de France en 1939.
Ses travaux sur le magnétisme lui valent la médaille Copley en 1940.
Il a très tôt une activité militante : il est signataire dès 1898 de la pétition pro-Dreyfus. Homme de gauche, militant pacifiste et antifasciste il participe à la Société des Nations, créée après la Première Guerre mondiale et se positionne nettement contre les armes chimiques et biologiques. Il est à l’origine de la création du Comité de vigilence des intellectuels anti-fascistes, et de l'Union des intellectuels français pour la justice, la liberté et la paix.
À cause de ses opinions anti-fascistes, il est incarcéré le 30 octobre 1940 par la Gestapo à la prison de la Santé. Son arrestation déclenche un élan de solidarité. Les lettres de soutien, parviennent, nombreuses, dans la cellule de la Santé. Langevin devient un symbole de lutte. A l’étranger, ses confrères scientifiques multiplient les démarches en sa faveur. Einstein intervient auprès de l’ambassadeur Bullit pour lui trouver un poste aux Etats-Unis. L’Académie des sciences l’invite à Moscou. Les Allemands refusent de le laisser partir à l’étranger, mais, devant l’indignation provoquée par l’arrestation, le libèrent quarante jours plus tard et l’assignent à résidence à Troyes, où il arrive le 9 décembre 1940.
Il réside 18, rue Raymond Poincaré, et passe à Troyes 4 années de résidence surveillée. Il donne bénévolement, à partir de février 1941, des cours de physique moderne, à l’Ecole normale d’institutrices de l’Aube. En juin 1942, les responsables de l’aviation allemande lui font une proposition de collaboration scientifique, qu’il refuse.
En juillet 1942, il quitte Troyes pour Vauchassis.
Pendant son séjour dans notre ville, il se fait énormément d'amis, ce qui lui permet de maintenir une vie sociale active. Nombreux de ses célèbres amis viennent le voir à Troyes : Frédéric Joliot, dit Joliot-Curie, physicien et chimiste, pric Nobel de chimie en 1935, Paul Montel, mathématicien, membre de l'Académie des Sciences, le docteur Robert Débré, fondateur de la pédiâterie moderne, Roger Gal, secrétaire du Groupe français d'éducation nouvelle, Robert Tifféneau, pionnier de la médecine respiratoire, Biquard, grand physicien français, André Cotton, physicien, Charles Fabry, physicien, spécialiste de l'optique...
Le 10 décembre 1942, il écrit dans une lettre à sa fille Madeleine : «… je suis à peu près adapté à la vie troyenne, où le plus clair de mon temps est consacré au ravitaillement ».
Sa fille Hélène, mariée à un résistant, Jacques Solomon, est déportée à Auschwitz en 1943 (elle y survivra). Jacques Solomon est fusillé au Mont-Valérien le 23 mai 1942.
Paul Langevin adhère dans la clandestinité au Parti communiste français et fait partie du Comité parisien de la Libération.
Début 1944, aux médecins, ingénieurs, industriels, il expose le dimanche matin, dans une salle du lycée de garçons décentralisé de la rue du Cloître Saint-Etienne à Troyes, les dernières théories de physique nucléaire.
A Troyes, il s’attaque aussi à des problèmes nouveaux de physique nucléaire, comme la capture des neutrons.
Pendant son séjour troyen, sa famille vient le voir régulièrement : son épouse Jeanne, ses fils Jean et André.
En 1944, la situation de l’armée allemande devient critique. Langevin craint une arrestation imminente. Frédéric Joliot lui fournit une fausse carte d’identité, et le 2 mai, il prend le train pour Paris, puis se rend en Suisse, où il entre clandestinement, le 5 mai.. Il rentre en France en septembre, en passant par Troyes pour remercier ses nombreux amis qui l’ont aidé pendant son exil.
Il décède le 19 décembre 1946.
Ses cendres sont transférées au Panthéon de Paris en 1948.
En 1933, il a 1 fils, Paul-Gilbert Langevin (musicologue, décédé en 1986), avec la physicienne Eliane Montel, assistante agrégée à la faculté des sciences, qui était son ancienne élève. Paul-Eric Langevin, fils de Paul-Gilbert, petit-fils de Paul et Eliane, a confirmé cette information.
Président de la Ligue des Droits de l'Homme de 1944 à 1946, après en avoir été le vice-président à partir de 1927, Paul Langevin est président du Groupe français d'éducation nouvelle de 1936 à 1946, chargé en 1946 de la réforme de l'enseignement connue sous le nom de plan Langevin-Wallon. Il est également président de l'Union rationaliste de 1938 à 1946.
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