Considéré comme un des plus grands savants de son temps, Georges Cuvier, le père de la paléontologie, a fait l’éloge historique de Nicolas Desmarets, le 1er mars 1816 : « L’Académie voyait en lui, comme un monument d’un autre siècle, comme un de ces anciens savants, devenus trop rares, qui occupés uniquement de la science unique, ne se consumaient ni d’ambitions du monde, ni dans les divagations d’études vaines… ».
Soulaines, village aubois, fêta en 1965, le 150° anniversaire de la mort de son plus célèbre enfant, Nicolas Desmarets.
Fils de Jean Desmarets et Marguerite Clémont, fut baptisé en l’église Saint-Laurent de Soulaines, le 16 septembre 1725.
Il passe son enfance à Soulaines, sous la férule de son père, modeste maître d’école, dont il reçut les quelques rudiments d’étude que ce dernier prodiguait aux enfants. Georges Cuvier dit, sans doute en exagérant, dans son discours funèbre prononcé le 29 Septembre 1815 : « ses parents négligèrent si fort sa première enfance, qu’il savait à peine lire à l’âge de 15 ans… ». Il avait 15 ans lors de la mort de son père, et comme il montrait de bonnes dispositions pour l’étude (quoi qu’en dise Cuvier), son tuteur, conseillé par le curé de son village, l’envoya au Collège des Oratoriens de Troyes, payant sa pension sur sa part de succession. Intelligent, apprenant facilement, élève doué, Nicolas Desmarets faisait de si grands progrès que ses maîtres continuèrent gratuitement son éducation, lorsque le petit avoir fut épuisé. Ils s’occupèrent de lui, même en dehors du collège. Il fit toutes ses classes chez les Oratoriens, jusqu’en physique, et il soutint brillamment ses thèses. Nanti de diplômes, avide d’apprendre et de connaître, d’étudier plus profondément, il part pour Paris. Pour se subvenir chichement, il donne des leçons particulières, grâce à son instruction en géométrie et physique, surveille diverses impressions, publie des notes sur d’anciens ouvrages et travaille au « Journal de Verdun ». En 1755, une Société Savante d’Amiens, fondée par le Duc de Chaulnes, proposa d’examiner si la France et l’Angleterre étaient autrefois réunies par le Pas-de-Calais. Desmarets entreprit ce travail, remporta le prix par un mémoire sur la Constitution géologique identique des côtes. Ce mémoire le fit connaître du monde savant, et remarquer par Trudaine, Malherbes, Turgot… Déjà à cette époque, il fréquentait Diderot et collaborait à son ouvrage « L’Encyclopédie » par diverses notes.
Introduit dans la Société de Madame Geoffrin, puis de la duchesse d’Anville, cette dernière l’attacha à son fils le duc de la Rochefoucauld qu’il accompagnait dans ses voyages d’études. A cette époque, il publia la traduction des expériences physico-chimiques d’AWXBEE, le recueil de pensées de l’Abbé Longverne et « des Conjectures sur la propagation des secousses dans les tremblements de terre ». Il voyagea successivement dans les Provinces à la suite de plusieurs Intendants, il recueillit de nombreuses relations sur la géologie, l’agriculture et l’industrie, observations qu’il mit à profit dans les nombreux « discours » que lui réclamait Diderot pour l’Encyclopédie ». De 1757 à 1759, Trudaine (Intendant des Finances, fils du fondateur de l’Ecole des Ponts et Chaussées), l’employa dans l’industrie drapière, dont il tira les renseignements nécessaires à « L’Art du Drapier » pour la collection de l’Académie des Sciences. En 1761, il visita les fromageries de Franche-Comté et de Lorraine dont le Gouvernement désirait introduire les méthodes en Auvergne. Il recueillit les renseignements pour son « Art de fabriquer le fromage » paru en 1785 et pour son « Discours sur les Fromages », diverses notes publiées dans l’ « Encyclopédie ». Cette année-là, il se rendit à Bordeaux pour y établir le plan cadastral de la Guyenne (travail considérable). En 1762, Turgot (Intendant de la Généralité de Limoges puis Ministre des Finances), le nomma Inspecteur des manufactures du Limousin. En 1768, il fit un premier voyage d’étude en Hollande pour connaître et étudier la fabrication du papier. En 1777, deuxième voyage en Hollande, pour achever cette étude. Sur ses conseils et ses remarques, la fabrication du papier en France devint supérieure à la fabrication d’origine dans les papeteries d’Auvergne et spécialement d’Annonnay. Il s’occupe de l’irrigation des vallées et dans la région parisienne, compose à la même époque un traité sur l’élevage des bêtes à cornes.
En 1787, M. de Tholozan fit introduire sur son avis éclairé des métiers à tricoter d’Angleterre pour en doter notre industrie. En 1788, il est nommé à la direction de la Manufacture de Sèvres et par la même occasion « Inspecteur général Directeur des Manufactures de France ».
Vint la Révolution et ses angoisses. Encyclopédiste, il avait certainement aspiré à un renouvellement du régime, mais homme accueilli par Trudaine, Turgot… sa place prépondérante et même son titre d’Académicien, il ne pouvait être oublié. Il fut jeté au cachot et n’échappa que par miracle aux massacres de septembre 1792. En 1793, par un revirement des choses, il est nommé membre de la « Commission Temporaire des Monuments », qui sauva de nombreux et précieux monuments qui sont la gloire de notre patrimoine artistique. La tourmente passée, on rechercha le petit nombre de ceux qui étaient capables de renouveler la France. Il reprit donc ses études. Avant la Révolution, c’est lui qui se penchait sur les questions industrielles avec amour. Après la Révolution, c’est lui qui est à nouveau au premier poste, pour recréer, moderniser, sauver ce que le désordre avait anéanti. Ainsi pendant trois quarts de siècle, un seul homme devait diriger la vie industrielle de la France. Au milieu de tant de travaux, ses chères études de Minéralogie, de Géologie ne perdirent jamais leurs droits, et il continuait à s’instruire et à instruire les autres. Ainsi, en 1763, chargé de visiter les papeteries d’Auvergne, il étudie de Puy de Dôme que le savant Guétard avait découvert récemment comme étant un ancien volcan. Il publie des mémoires sur l’Auvergne, intitulés : « Ephémérides de la Généralité de Limoges ». Ces travaux de géologie et minéralogie, les premiers en date, furent très remarqués. Il y étudie les roches basaltiques sous leurs diverses formes et présente en juillet 1768 ces mémoires à l’Académie. Il poursuit ses travaux lors d’un voyage en Italie en compagnie du duc de la Rochefoucauld, et présente en 1771 ses nouvelles observations jointes aux anciennes. La publication de ces mémoires ouvrit une ère de découvertes, des laves et basaltes qui durèrent 20 ans. A cette époque, un chimiste Bergmann considéra le Trapp et le Basalte comme identiques, mais comme le trapp ne se trouvait pas près des volcans, il en déduisit que les 2 minéraux n’étaient pas d’origine volcanique. De nombreuses polémiques et querelles de savants en résultèrent. Desmarets, dès son premier travail avait réfuté toutes ces polémiques en faisant connaître les différents âges des volcans et l’on ignorait sa découverte. On reconnut, longtemps après, qu’il avait tranché la question. Le Trapp et le Basalte étant d’origine volcanique. Le Trapp placé au milieu des roches non éruptives, provient de volcans de l’ère primaire usés et complètement disloqués par les secousses ultérieures. Il avait fait établir, sous sa direction une carte détaillée de la géologie de l’Auvergne, très estimée, enfin, un « Dictionnaire de géographie physique ».
Nicolas Desmarets n’oublia pas son village natal. Il y possédait une maison. Le village était très souvent dévasté par les inondations, il fit donc creuser un canal qui supprima les ilots et marécages. Il améliora le sort des Soulainois en mettant sur pied l’industrie cotonnière, filage et tissage au moyen de métiers anglais. L’impulsion donnée à cette industrie du coton dans le village devait se prolonger jusqu’en 1885.
Peu après son arrivée à Paris, il fonda un foyer dont il eut un fils, Anselme, Gaëtan Desmarets, qui fut professeur à l’Ecole Vétérinaire d’Alfort.
Nicolas Desmarets mourut le 28 septembre 1815.
Il fut non seulement un savant qui étudie, mais il fit l’application de ses travaux et de ses recherches, tel un ingénieur moderne.
Sous sa direction, l’agriculture et l’industrie de la fin du XVIII° siècle firent un bond en avant, hors des routines passées. Il prépara l’ère industrielle du XIX° siècle.
Bien entendu, une rue de Soulaines Dhuys a été baptisée Nicolas Desmarets.
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