Alphonse Huguier naît à Troyes, le 8 octobre 1873. C’était l'arrière grand-père paternel de mon épouse. Son arrière grand-père Jean Pigeotte est à 19 ans, chirurgien des Armées de la République et cette précocité dans la carrière lui permet d’exercer la chirurgie à Troyes, pendant 75 ans. Son grand-oncle Pierre-Charles Huguier, l’ancêtre comme il disait, est un chirurgien estimé et un clinicien dont les traités de gynécologie conservent le nom. Son père Joseph-Alix Huguier-Truelle, était pharmacien à Troyes, où son dévouement dans les œuvres de bienfaisance est loin d’être oublié.
Alphonse Huguier fait ses études au lycée de Troyes, et, dès cette époque, se lie d’amitié avec ses futurs collègues Mouchotte et Rigollot-Simonnot.
Toute sa vie, Huguier garde, solide au cœur, l’amour de la patrie. Il aime la ville de Troyes, il aime la campagne environnante… il les aime parce que ses pères ont vécu là, parce qu’il a cette reconnaissance à la terre des ancêtres.
Ses humanités terminées, ayant pris contact avec la chirurgie à l’Hôtel-Dieu de Troyes, Huguier va à Paris.
Il est externe, puis interne en 1899.
En 1902, il est nommé aide d’anatomie à la Faculté et obtient la médaille d’argent. Déjà, ses qualités maîtresses s’affirment et, en particulier, le véritable don qu’il a pour l’enseignement. Il aime faire profiter les jeunes de ses vues claires qu’il a un rare talent de fixer par la parole ou le dessin. Il enseigne au Pavillon, et aussi dans les conférences d’internat. Il aime faire de l’enseignement dans son service, et avec son fils Jacques (plus tard), il n’hésite pas à reprendre les éléments de l’anatomie.
Il laisse un véritable petit atlas dont il a soigné les figures, et mis en couleurs.
En 1905, après avoir soutenu sa thèse de Doctorat sur « le Traitement des ankyloses par la résection orthopédique et l’interposition musculaire », il entre à l’hôpital Saint-Joseph. En 1910, il est nommé chef de service.
En août 1914, Huguier part comme chirurgien d’une ambulance du II° corps d’armée, qui fut citée à l’ordre du jour et qu’il quitte en mai 1915, pour l’ambulance chirurgicale n° 4.
En 1915, il est nommé chirurgien chef du secteur d’Auxerre.
La guerre finie, il retourne à Saint-Joseph, dont il personnifie la renommée à laquelle il a puissamment contribué. Il est un peu vif parfois, et sa bonté l’oblige à faire presque des excuses à l’élève qu’il craint d’avoir trop vertement tancé.
Exact chaque jour, ponctuel, il veut pour commencer sa visite être entouré de tout son monde. Il tient à examiner lui-même tous les malades. Il apporte à cet examen un soin constant, et une longue observation utilisée par un jugement clair, fait de lui un clinicien très sûr. Il déplore souvent l’abus, ou mieux, l’usage intempestif, au détriment de la clinique, des examens de laboratoire. « Il avait, en un mot, cette qualité éminente qui se nomme le bon sens et qui le servait aussi bien dans un examen clinique que dans le choix ou la conduite de l’acte opératoire… Il avait pour la chirurgie, pour l’acte chirurgical, un amour enthousiaste… ». Il opère pour soulager, pour guérir s’il le peut. Fort habile, il pratique avec aisance toutes les opérations gynécologiques, mais il n’est jamais surpris par une intervention plus rare, sortant du courant habituel. Les dernières années, il s’intéresse vivement à la chirurgie de l’estomac et de l’intestin où il obtient de beaux et durables résultats. Il est un des premiers à pratiquer les opérations de greffe osseuse.
Le 17 décembre 1927, il décède brusquement.
« Dans la foule qui suit les obsèques, il y a non seulement ses parents, ses amis, mais d’anciens opérés dont le chagrin rendait un suprême hommage à la bonté de cet homme… ».
Lors son éloge funèbre, le Président de la Société des Chirurgiens de Paris (Huguier en est le fondateur en 1909, et le Président en 1922) dit : « Tel fut le chirurgien, qui mérita par sa science et par sa conscience, l’estime de ses pairs, l’attachement de ses élèves, la reconnaissance affectueuse de ses malades ».
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