La Révolution



Le ménage Simon


Louis XVII et Simon
Louis XVII et Simon

En 1736, naît à Troyes, Antoine Simon, fils de François Simon, boucher à Troyes. Il est baptisé le jour même, ayant un boucher pour parrain. 

Venu jeune à Paris, il entre en apprentissage chez un cordonnier, et obtient ses lettres de maîtrise.

En 1766, il épouse une veuve Marie-Barbe Hoyau, qui lui apporte le fonds de son premier mari, décédé également maître cordonnier. Mais son commerce périclite.

Il monte alors, rue de Seine, un restaurant gargote, avec quelques chambres garnies. Il fait également faillite, et la justice lui fait vendre tous ses meubles. Deux montres en or prennent le chemin du mont-de-piété, et les hardes suivent. Sa femme, épuisée de travail et de privations, meurt à l'Hôtel Dieu, en 1786.

Il se remarie en 1788 avec Marie-Jeanne Aladame. Dans le quartier des Cordeliers où il habite, il fait la connaissance de ceux qui vont devenir les principaux acteurs de la Révolution : Marat, Desmoulins, Chaumette, le mari de la déesse Raison…

Quand éclate la Révolution, Simon va les écouter au club à coté de chez lui, et s’enthousiasme immédiatement pour leurs idées. Lorsque la Commune insurrectionnelle est constituée, ses amis du club des Cordeliers le nomment commissaire de la nouvelle Commune !

Tandis que Simon s’adonne à ses hautes fonctions civiques, sa femme s’installe au chevet des nombreux blessés des Marseillais de la journée du 10 août.

A l’Hôtel de Ville, Simon est en passe de devenir un personnage. Il fait partie de toutes les commissions. Il évente et dénonce le complot qui tente l’évasion de la reine, les trois princesses devant sortir revêtues d’uniformes militaires !

Un ordre du Comité de Salut public stipule que le fils de Louis XVI sera séparé de sa mère et de sa famille, et installé dans un local à part, le mieux défendu de tout le Temple, et remis entre les mains d’un instituteur désigné par le Conseil général de la Commune. C’est le cordonnier Simon qui est choisi, en 1793.

C’est Chaumette, procureur de la Commune de Paris, qui a l’idée séduisante pour lui, de remettre l’éducation du jeune roi à un savetier illettré.

Simon jure " d’élever le jeune prince à l’état d’homme ". Quand elle apprend que son mari va gagner 6.000 livres et elle même 4.000, sa femme Marie-Jeanne, croit défaillir de joie. L’appartement qui est mis à leur disposition au Temple, est celui qu’a occupé Louis XVI, en dessous de celui qu’occupent la reine, Madame Elisabeth, Madame Royale et le dauphin.

Ce dernier, petit pour son âge, de constitution frêle, à l’intelligence très précoce est donc séparé de sa mère.

Il semble que le couple Simon s’efforce d’adoucir, aux yeux du jeune prince, les rigueurs de la captivité. Sans doute, Simon est brutal, mais en paroles plus qu’en gestes. Sans doute aussi, il lui arrive de frapper l’enfant lorsque celui-ci lui résiste, mais plutôt comme il eut fait avec tout autre, avec son propre fils s’il en avait eu un. Il lui procure même toutes les distractions qu’il est en son pouvoir de lui trouver. Ainsi, il fait apporter au Temple un billard et passe de longues heures à jouer en compagnie de son " élève ". Dans le garde-meuble, il déniche une cage contenant un serin mécanique qui chante différents airs, entre autres la Marche du Roi. Il la fait réparer, et c’est pour le dauphin, une joie inexprimable. Simon y joint même une douzaine de serins vivants.

Marie-Jeanne n’est pas une méchante femme. N’ayant pas d’enfant, elle s’attache au dauphin avec une très sincère affection. Tous les matins, elle le peigne, le lave, lui fait prendre un bain. Mais, avec ses préjugés de femme du peuple, elle pense que plus il absorbe de nourriture et de vin, mieux il se porterait. Simon fait donc boire du vin à l'enfant, dans l'idée de lui donner de la vigueur, il lui apprend des mots grossiers, à se masturber, " pour en faire un homme ".

           Quel changement pour Monseigneur le dauphin, qui, jusqu’à la veille de la Révolution avait été accompagné de duchesses, marquises, gouvernantes, habilleuses, berceuses… Il se trouvait en tête-à-tête avec ce couple grossier… Chaumette lui fait apprendre je jargon révolutionnaire, lui coupe les cheveux, comme on faisait aux princes mérovingiens pour les déclarer déchus de leur rang, on l’habille d’une carmagnole rouge, on l’affuble du bonnet phrygien, on lui fait chanter la Marseillaise… En toute occasion, on tient devant lui les propos les plus sanguinaires, les plus ignobles, on le fait insulter sa mère et à sa tante, des "satanées putes", qui peuvent l’entendre à l’étage au-dessus. Il y a plus terrible encore : on fait signer au dauphin, contre sa mère, une accusation épouvantable ! On lui extorque des aveux indignes selon lesquels il aurait pratiqué l'inceste avec sa mère ! 

Marie-Jeanne ne tarit pas d’éloges sur le " cher mignon " : il lui cire ses chaussures, lui apport son petit déjeuner le matin au lit, lui prépare sa chaufferette…

Simon commence à avoir peur du changement qui se prépare, et donne sa démission.

Le Conseil général de Commune adopte le procédé suivant : chaque jour, quatre de ses membres se rendront au Temple, y séjourneront 24 heures consécutives, et surveilleront Louis XVII. Mais, dès le lendemain, la porte de la chambre du prisonnier est murée, et l’enfant reçoit par un guichet la nourriture de tous les jours. Pendant plus de 6 mois, jusqu’à la mort de Robespierre, personne ne pénètre chez lui.

Mis hors-la-loi avec les autres membres de la commune le 9 Thermidor, Simon est guillotiné sur la place de la Révolution, le 28 juillet 1794.

Le 8 juin 1795, on apprend au Temple, la mort de Louis XVII.

Marie-Jeanne, est admise à l’hospice des Incurables, en 1796, pour y finir les reste de ses jours. Là, elle affirme souvent, que le dauphin n’est pas mort au Temple. " On a saisi, raconte-t-elle, l’occasion de leur déménagement, pour opérer l’enlèvement. Un autre enfant a été apporté dans un cheval de carton et substitué au jeune prince, dans la prison, pendant que celui-ci quittait le temple enveloppé dans un paquet d’habits ". Elle répète cette histoire, autant de fois qu’on lui demande. Elle décède en 1819.

Y a-t-il un "mystère Louis XVII " ! Plus de 800 livres, des milliers d'articles lui sont consacrés, depuis deux siècles. Mais les historiens "sérieux" qui ont étudié la question se comptent sur les doigts d'une seule main, le meilleur étant sans aucun doute Jean-Claude Pilayrou.

C'est en 1995, pour le bicentenaire de la mort de l'Enfant du Temple, qu’une analyse ADN du cœur conduit à estimer que le fils de Louis XVI et Marie-Antoinette est bien mort en 1795, comme l'enseigne l'histoire officielle.

 


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