Métiers anciens




Culture du chanvre


Le chanvre fut très largement utilisé par le passé, depuis le néolithique, période de la Préhistoire.

Nos aïeux cultivaient le chanvre. Témoins de cette époque, les « roises » (mares), destinées au rouissage du chanvre.  A la fin du XIX° siècle, il y avait des chènevières dont l’exploitation entrainait de petites industries artisanales précieuses durant la période hivernale. Où il n’y avait pas de bonneterie, il fallait bien vivre en utilisant au maximum un sol extrêmement morcelé et hérissé d’innombrables arbres à fruits fournissant la boisson traditionnelle : le cidre et son dérivé : « la goutte ». De petites parcelles de terre profonde et très riche en humus, se prêtaient à la culture du chanvre, plante textile, servant à fabriquer la toile d’autrefois. Avant l’ensemencement, le sol devait être préparé avec soin, son composant réduit pour ainsi dire en poussière. Le chènevis (graine du chanvre) était alors semé en lignes ou simplement à la volée, mais en légère quantité, au printemps, en avril ou sur la fin de ce mois, suivant les beaux jours. En effet, la chaleur était immédiatement nécessaire pour faciliter une levée rapide. Divers binages s’imposaient ensuite à la main, avec une houe (qui a fait place aujourd’hui à la « binette »). Ces « façons » favorisaient la récolte : bien cultivé, le chanvre devenait gros et grand, et nos arrières-arrières grand’mères en étaient fières ! Fin août, début septembre, avec un été dont les pluies alternaient avec quelques orages, le chanvre, qui avait atteint la grosseur du maïs et une hauteur d’un mètre cinquante environ, était coupé à l’aide d’une petite faucille, et mis en petites bottes. On le rentrait ensuite dans un local, à l’abri du soleil, afin qu’il sèche normalement. Après 15 jours à 3 semaines de dessiccation, on transportait les bottes dans une mare pour le rouissage. Sous l’influence de l’eau, l’écorce du chanvre pourrissait et les fibres ligneuses des plantes se détachaient. Le séjour dans la mare équivalait sensiblement, comme durée, à celui de la grange, en séchage. Le rouissage accompli (cela se voyait à l’œil paraît-il), les bottes regagnaient un lieu abrité pour qu’elles s’égouttent et sèchent à nouveau. Venait alors l’opération du teillage. Des ouvriers qualifiés passaient de maison en maison et procédaient ainsi : sur une planche longue de 0 m 30 à 0 m 40, des clous très pointus étaient disposés en rond, à une extrémité, sur toute la largeur. Et l’on inclinait la planche pour effectuer le travail. Les ouvriers (généralement 2) prenaient une petite poignée de tiges et la passaient plusieurs fois sur cette sorte de peigne. Les tiges se débarrassaient ainsi de leur écorce et de la bourre. Seul le fil restait, qui servira à la fabrication de la toile. Bourre et déchets étaient utilisés à la confection de sacs presque inusables. Il y en a encore qui ont plus d’un siècle ! Ce fil (ou « poupée »), était filé et mis sur bobines. La personne chargée de ce travail prenait 2 ou 3 brins et continuait sa tâche jusqu’à l’obtention d’une bobine complète. Le filage, à la veillée, chez les uns et les autres, marchait à l’aide d’un rouet qui faisait aussi tourner la bobine. C’était un cadre en bois, très léger, portant en son centre une grande roue. Il était muni d’une sorte de bielle et d’une pédale. Une courroie reliait la roue à la bobine (ou navette). On s’éclairait au moyen d’une « chandelle à corne », sorte de cylindre de cuivre à claire-voie, muni à sa base d’un bec assez allongé, dans lequel brûlait une mèche de chanvre trempée dans de l’huile de chènevis. Ainsi préparé, le fil était porté au tisserand. Son métier, actionné par des pédales en bois, fabriquait une toile grossière, mais de qualité et pratiquement inusable. Au tisserand incombait également la confection des sacs, en bourre et déchets.

Certaines mares subsistent, témoins d’un passé, à la mémoire reconnaissante des aïeux morts à la peine.

Après avoir connu son apogée au milieu du XIX° siècle, la superficie cultivée a été considérablement réduite en 1960 du fait de l'émergence du coton, des fibres synthétiques et de l'arrivée de la marine à moteur. Le chanvre a connu un regain d'intérêt à partir des années 1970 grâce aux débouchés dans les marchés papetiers (voir le chapitre Troyes, centre papetier).

Constituée en 1973, La Chanvrière de l'Aube (LCDA) regroupe aujourd'hui quelques 320 adhérents cultivant le chanvre sur une superficie de l'ordre de 5 000 hectares dans un rayon de 100 km autour de son usine située à Bar sur Aube (10).

Les agriculteurs se lançant dans la culture du chanvre s'engagent pour une période de 5 années avec un tonnage annuel à livrer à la coopérative. Ce mode de fonctionnement permet de garantir ses approvisionnements et par là même ceux de ses clients.

On assiste depuis quelques années à un déplacement du barycentre de ce bassin de culture : initialement situé de Bar sur Aube, celui-ci se situe aujourd'hui à une vingtaine de kilomètres au nord-est de Troyes.

 

L’Est-Eclair du 23 décembre 2014 consacre tout un article dans son cahier Economie : « Le chanvre veut s’imposer dans le bâtiment ». Il est expliqué comment « désormais paré de toutes les certifications techniques, le béton de chanvre veut s’imposer sur les chantiers, comme il l’a déjà fait avec succès pour la Maison du tourisme de Troyes ». En effet, longtemps expérimental, le béton de chanvre a franchi tous les paliers techniques et règlementaires. Il espère prendre son envol grâce à son exceptionnel bilan écologique ».

En juin 2017, "L'Est-Eclair" relate la réunion des professionnels de la culture du chanvre, en montrant ses stupéfiantes vertus. A l'heure de la transition énergétique, le chanvre, dont l'Aube est le premier producteur, a tous les atouts pour conquérir le bâtiment : " Si on arrive à limiter à 2 % le réchauffement climatique, ce sera grâce au chanvre ", " le béton de chanvre est moins cher que la brique monomur et que le béton cellulaire ".

 

 http://www.lest-eclair.fr/economie/le-chanvre-a-la-conquete-du-batiment-ia133b0n322877

 

Béton de chanvre
Béton de chanvre
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