Métiers anciens




Coq de clocher



Maurice Renard
Maurice Renard

Depuis combien de temps les coqs se dressent-ils ainsi au-dessus de la croix de nos églises ? Les premières églises avec clocher datent du V° siècle, et les coqs de clocher apparaissent vers le VI° siècle.

        

Une certaine tradition veut que le coq appelle les chrétiens à la vigilance en leur rappelant le coq du reniement de saint Pierre.

Une autre explication est que les premiers chrétiens se réunissaient pour une prière matinale au chant du coq, jusqu’à l’apparition de cloches, vers le V° siècle.

Il serait le prédicateur qui doit réveiller ceux qui sont endormis. C’est en ce sens que le pape Léon IV décide vers 850, que les clochers de chaque église doivent arborer une telle girouette. Au XII° siècle, une bulle du pape le confirme.

Au Moyen-Age, l’oiseau est un symbole solaire car son chant annonce le lever du soleil. A la même époque, le coq est aussi symbole de la résurrection, symbolisant le prédicateur qui doit réveiller ceux qui sont endormis.

            En dehors de son caractère religieux, le coq a un attrait tout particulier pour les villageois. C’est une girouette, et, sans conteste, la meilleure du pays car située à 30 ou 40 mètres du sol, elle indique le vent, mieux que ne peuvent le faire les girouettes des habitations.

Le coq est aussi un symbole maçonnique.

 

Un coq de clocher, dans des conditions normales, peut durer plus de 300 ans. Celui de l’église de Dierrey-Saint-Pierre est daté de 1686, et lorsqu’il est descendu en 1976, il est encore dans un état très acceptable.

 

Il n’existe pas de métier de « coquier ». Pour survivre,  l’artisan devrait avoir le monopole de fabrication pour toute la France !

Par qui sont fabriqués ces coqs ?

Par un chaudronnier local ou par un serrurier, mais surtout par le maître-couvreur. Dans l’Aube, il y a eu des lignées de couvreurs-zingueurs comme par exemple la famille Renard de Creney, entreprise créée en 1885, et dont les descendants sont spécialisés dans la réfection des toitures et clochers d’églises.

Amoureux de leur métier, ils constatent que les coqs industriels n’ont pas la résistance de leurs ancêtres, d’autre part, ceux qu’ils déposent finissent lamentablement dans le grenier ou le débarras d’une mairie ou d’une cire. D’où leur idée de sauvegarder les vieux coqs en les collectionnant. Leur petit Musée de vieux coqs de clocher de l’Aube, peut-être visité sur demande en prenant rendez-vous (03.25.81.17.18). Vous pourrez y admirer le plus ancien, celui de 1686.

Quelques Compagnons du Devoir du Tour de France ont réalisé comme chef-d’œuvre, des coqs de clocher. Dans la photo jointe, Didier Breton présente le coq qu’il a réalisé en 1984, pour Villy-le-Maréchal.

Sur une autre photo, vous pouvez admirer Maurice Renard de Creney réalisant en 1980, un coq de clocher.

Les coqs sont en cuivre embouti. Des essais d’utilisation du zinc furent tentés, mais les résultats démontrent qu’il ne résiste qu’un temps relativement bref, environ 50 ans, aux agents atmosphériques.

 

Lors de la restauration ou de la réfection de la toiture du clocher, les couvreurs descendent le coq-girouette de sa croix. C’est l’occasion de lui « faire une toilette ». S’il n’est pas trop atteint par la pollution atmosphérique ou d’autres blessures, on se contente de le ragréer et de le repeindre de vives couleurs. Sinon, il ne reste qu’à le remplacer par un congénère flambant neuf.

Lors de sa remise en place, on veille attentivement à ce qu’il tourne librement sur son axe, car il est déjà arrivé que des couvreurs mécontents de leur salaire ou de leurs pourboires, bloquent le coq sur la croix, au grand dam des villageois qui ne disposent plus que d’une « girouette fixe » !

Que le coq soit neuf ou simplement repeint, il doit, avant de reprendre sa place, être présenté aux habitants. Fiché sur une hampe haute d’un mètre cinquante environ, le col cravaté d’un gros nœud tricolore, la queue empanachée de flots de rubans, rutilant de peinture neuve, il va se rendre auprès de chaque villageois en compagnie de l’équipe d’ouvriers couvreurs et le même cérémonial se reproduit à chaque foyer de la commune.

         De nos jours, une tradition toujours vivace veut que l’on surveille attentivement l’orientation que prend le coq du clocher à la fête des Rameaux. On peut être assuré que le vent qu’il indique ce dimanche là sera le vent dominant des ¾ de l’année.

         En 1987, la société Renard reçoit le diplôme et la médaille du Conseil général de l’Aube, au titre de la sauvegarde des métiers de tradition.



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