Religion



Saint Hubert et la rage



En 1716, beaucoup de chiens enragés font des victimes dans l’Aube.

Autour de Vendeuvre, en 1723, un loup enragé mord un grand nombre de personnes dont six à Bligny " eurent la peau de la tête et la chevelure arrachées, ce qui était horrible à voir ".

A Pouan, au cours d’un hiver rigoureux, le 15 décembre 1740, un loup enragé étrangle François Guillaume, âgé de 25 ans. Plusieurs habitants sont cruellement mordus.

En 1764, à Villenauxe et dans ses environs, plus de 100 personnes sont victimes d’un loup enragé.

A Mesnil-Saint-Loup et dans les villages environnants, en 1774, " des pauvres infortunés subissent un sort identique ", 17 personnes sont blessées dangereusement, le maréchal-ferrant et son fils de 14 ans, meurent. 

Un loup enragé saute au visage d’un berger de Villadin, et lui fait 22 " blessures par tout le corps ". Son frère, venu à son secours " a le bras percé " Un homme a " la main percée en 5 places par le loup ". Il se jette sur un autre, « le prend au visage, lui arrache une dent et perce la joue en 3 endroits ".

A Faux-Villecerf, un loup prend le sieur Portelai à la gorge. Le curé de Pâlis qui l’accompagne casse son bâton sur le corps du loup qui abandonne sa proie.

A Saint-Liébault (Estissac) le loup attaque le charron qui se défend et le met en fuite.

Le 12 décembre 1778, au hameau de Vendue-l’Evêque et au village des Loges-Margueron, 5 personnes sont mordues par un loup enragé. La même semaine, un autre loup jette la panique dans les rues de Lusigny… … …

 

Pour conjurer le terrible fléau de la rage, la médecine n’ayant aucun remède efficace, " le bon peuple se tourne vers le ciel pour y chercher un protecteur ".

Ce protecteur, on croit bien l’avoir trouvé à Pâlis, où saint Georges, deuxième patron de la paroisse est invoqué avec une confiance inébranlable : "Jamais, de mémoire d’homme, aucun animal enragé ne s’est montré dans le pays ".

A Bourdenay, le patronage de saint Gond paraît plus sûr : tenu en grande vénération, celui-ci possède sa chapelle particulière à l’intérieur de l’église paroissiale.

Saint Lupien également, semble jouir de la faveur populaire. Nicolas Desguerrois présente le récit d’une personne "forcenée que saint Lupien délivre de l’esprit de forcènerie ".

Il n’en reste pas moins vrai que, sur le territoire de l’Aube et même de la Champagne, le grand thaumaturge, guérisseur de la rage est saint Hubert.

Né vers 665, Hubert est tellement passionné de chasse qu’il n’hésite pas à se livrer à son sport favori, même le Vendredi Saint. Ce jour-là, la meute est lancée sur un 10 cors. C’est seulement au moment de la curée, qu’Hubert voit tout-à-coup surgir devant lui le cerf portant entre ses bois l’image du Christ sur la croix, au milieu d’une lueur aveuglante, tandis qu’une voix céleste interpelle le chasseur, lui reprochant d’avoir consacré cette journée, sacrée entre toutes, à un sport cruel, au lieu de songer au salut de son âme. Hubert, fort ému, saute à bas de son cheval et se jette à genoux. C’est le moment qui a été généralement choisi par les artistes pour représenter le sujet.

"  Seigneur, répond le futur saint, que faut-il que je fasse ? "

" Va trouver mon serviteur Lambert, il te le dira ".

Hubert, bouleversé par cette rencontre va trouver Lambert, alors évêque de Maastricht. Il reçoit une instruction religieuse qui le guide dans la voie du salut. Peu de temps après, il perd sa femme et se fait moine, menant une vie exemplaire. Il fait un pèlerinage à Rome, pendant lequel Lambert est assassiné. Le Pape lui confie alors la charge d’évêque de Maastricht.

 

Dans l’Aube, le culte de saint Hubert présente un éventail assez varié. En premier lieu, s’offre " la prière " : à Villehardouin, il n’y a presque pas de ménage où l’on ne possède la prière des loups et des chiens enragés.

En 1861, Nicolas Vernier de la Vendue-Mignot, vend des médailles qui préservent de la rage.

La dévotion à l’égard d’un saint populaire s’exprime aussi par le culte des sources. A Champignol existe une source saint Hubert, à Mussy-sur-Seine une agréable promenade conduit vers la source saint Hubert.

L’élan mystique du peuple champenois est maintenu ferme au moyen des " confréries ". Par exemple, à Trancault, à la St Hubert, le trésorier de la confrérie fait bénir un pain. Si l’on veut être préservé de la rage, il importe de manger ce pain à jeun, et on en donne également au bétail. En 1628, à Vendeuvre, la piété envers saint Hubert est réchauffée par une confrérie très florissante. Toutefois, de 1714 à 1721, la ferveur se ralentit un peu : en conséquence, " il arriva mortalité sur les bêtes par les loups et les chiens enragés ".

Un culte aussi vivace est appelé à laisser une empreinte sur la production artistique de notre Champagne : sculpture, vitraux, littérature. Tout cela suffit à établir le grand renom dont jouissait saint Hubert au cours du XVI° siècle.

Il y a le plus souvent, de grands reliefs, mais aussi de petits groupes de pierre.

C’est le retable d’Auxon qui rend compte du sujet de la façon la plus complète.

Il y a aussi des sculptures-tableaux à Chaource, à Charmont, où 3 chiens attaquent le cerf.

Le retable de Saint-André-les-Vergers est remarquable, celui de La Chapelle-Saint-Luc évoque une scène de théâtre, il y a aussi ceux de Allibaudières, Verpillères.

Dans l’église de Vendeuvre, il y a également une statue du saint et un bas relief classique de la chasse.

On trouve dans celle de Bouilly, un très beau retable, qui semble un des plus anciens, d’après les costumes datant de François 1er.

L’art du vitrail exploite la légende de saint Hubert : Bréviandes, Herbisse, Rumilly-les-Vaudes, Pars-lès-Chanvanges, Maizières-lès-Brienne, Riceys-bas

Il existe aussi dans de nombreuses autres églises, des bâtons de confrérie représentant saint Hubert.

Enfin, il y a la littérature populaire sur saint Hubert et la rage avec les livres de colportage qui portent au loin le renom des Impressions Troyennes.

 

1.285 ans après son décès (en 727), Hubert, patron des chasseurs et des forestiers, voit chaque année les chasseurs aubois perpétuer la tradition de la bénédiction des meutes, aux environs de sa fête le 3 novembre. Le lieu change chaque année.

On peut prier le saint lorsque l’on veut empêcher un massacre d’animaux innocents, ou lorsque l’on s’inquiète pour son animal favori !

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