Guerres et occupations...



La Libération de Troyes


Troyes et la Seine, c'est le premier endroit où, depuis la trouée d'Avranches (30 juillet 1944), la III° armée de Patton va se heurter, non plus à des Allemands qui retraitent du sud-ouest, mais à deux brigades SS envoyées du Danemark.

Le récit qui suit, est le résumé de la libération de Troyes par la 4ième DB US, rédigé à la demande du Général Clarke, par deux officiers, le commandant West et le capitaine Willer, qui prirent une part active dans la " bataille de Troyes, le type même d’une attaque de blindés ", que l’on enseigne dans les écoles de guerre américaines. 

 

Après la prise d’Orléans et la traversée de l’Yonne à Sens, la 4ième DB US qui faisait partie du XII° corps d’armée de la 3ième armée, envoya le groupement tactique A (CCA) commandé par le colonel Clarke pour s’emparer de la ville de Troyes et s’assurer des ponts sur la Seine. Troyes était sensée n’être défendue que par des combattants d’arrière garde, estimés à 500 hommes.

 

Le CCA devait s’avancer sur 2 colonnes le matin du 25 août 1944….

 

Les forces de West se regroupèrent sur les hauteurs de Montgueux vers 15 h, et de là, des éléments de reconnaissance furent envoyés pour évaluer la résistance de l’ennemi. Ils apportèrent la preuve que la ville était fortement défendue, d’autant qu’un tir d’artillerie allemand s’abattit sur les collines de Mongueux, faisant 15 blessés.

Le colonel Clarke donna alors l’ordre d’attaquer dans les plus brefs délais, sa conception étant celle d’une attaque de désert, les véhicules devant foncer en terrain découvert vers la ville, en faisant feu de toutes leurs armes. La ligne de départ était le bas de la colline, la limite gauche étant la route de Grange L’évêque à Troyes, la limite droite, la N 60.

 

L’attaque commença à 17 h, sous un tir d’artillerie ennemi intense. Les chars moyens et les half-tracks franchirent les 2 obstacles constitués par la voie ferrée et un fossé anti-char, et se regroupèrent à l’entrée de Troyes. L’ordre fut donné d’atteindre le plus rapidement la voie ferrée et le canal, en progressant au travers des ruelles et des jardins où une violente résistance fut rencontrée. Cependant, ils purent atteindre la place du Cirque et lancer 2 têtes de pont de l’autre côté du canal. Un périmètre de défense fut organisé, mais il apparut vite évident, que les forces américaines étaient encerclées par des éléments supérieurs en nombre.

 

Les tireurs allemands, cachés dans les toits et les clochers des églises, harcelaient les forces américaines. Beaucoup d’Allemands cependant, semblaient ignorer la présence des Américains au centre de Troyes : 2 camions, une voiture et surtout un convoi d’artillerie chargé de munitions rue Diderot, furent rapidement anéantis et les explosions du convoi furent entendues tard dans la nuit.

 

Les soins médicaux devenaient urgents pour 30 blessés américains, mais l’étau allemand s’étant resserré, il empêchait l’antenne médicale d’arriver. Il fut établi plus tard que les médecins et les infirmiers US avaient été interceptés par les SS et assassinés par une balle dans le crâne, au travers de la croix rouge du camion. Le capitaine Seavers entra en relation avec les autorités françaises et un groupe de médecins français et d’infirmières s’occupèrent des blessés.

 

Les contacts avec les civils français permirent par ailleurs d’obtenir un plan de la ville et des informations concernant les lieux occupés par les forces allemandes. Un plan d’attaque fut élaboré pour briser l’étau, mais une tentative échoua à la tombée du jour.

 

A 23 h, le colonel Clarke put rétablir le contact radio et promit d’envoyer le lendemain matin une compagnie de chars moyens à la rescousse. Pendant la nuit, des actions sporadiques furent surtout le fait des Allemands qui reprirent les ponts sur le canal, mais ne purent le traverser.

 

Au matin, une attaque principale permit aux forces du commandant West de rétablir le contact avec une compagnie de chars envoyée à la rescousse par le colonel Clarke. Simultanément, des actions de diversion furent engagées, la canal fut traversé par des éléments de reconnaissance et une batterie de 8 obusiers dépassée pour occuper les ponts sur la Seine. Le PC de la 51ième brigade SS fut encerclé et son général fait prisonnier. Le QG de la Gestapo fut entièrement détruit.

 

La ville étant maîtrisée et les allemands en déroute, le groupement West fut relevé au début de l’après-midi par des éléments du 53ième bataillon d’infanterie motorisée.

 

Il fut difficile d’évaluer les pertes ennemies. Cependant, la 51ième brigade SS et les troupes qui y étaient attachées perdirent plus de 1.100 hommes, la moitié tués et les autres blessés ou fait prisonniers. L’équipement perdu s’élevait à 53 véhicules, 72 mitrailleuses, 10 canons et des milliers d’armes légères. Les forces américaines furent de 154 tués, 55 blessés évacués et 10 blessés qui purent poursuivre le combat.

 

En remerciements, le conseil municipal, le 2 mai 1994, dénomme le rond point de la piscine du Vouldy, place du major général Wood et du commandant West.

 

Chaque année, le jour anniversaire de la Libération de Troyes, les autorités et les Troyens viennent fleurir la plaque et s’y recueillir.

 

J'habitais à cette époque avec mes parents à l'angle de la rue Hennequin et des Comtes de Champagne, au premier étage. Les Américains étaient retranchés derrière le cirque (théâtre de Champagne), et tiraient sur les Allemands qui eux, ripostaient au pied de notre maison. Avant que ces derniers se retirent, nous avons eu plusieurs balles dans notre appartement : 4 dans une commode (dont nous avons laissé les traces), et une en plein coeur d'un grand portrait de mon oncle Mikaël en officier, celui qui était appelé lors de la guerre de la guerre 1914/1918, " le réparateur des gueules cassées ", mort en 1918 ! (voir ce chapitre avec les photos).

 

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