Le département




Pourquoi sélectionner ce pays ? Parce que c’est pour moi beaucoup de souvenirs : mon grand-père maternel y avait sa maison de campagne, et j’y ai passé toutes mes vacances scolaires, jusqu’en 1944 ! De plus, il y a au cimetière une petite chapelle familiale, que j’ai choisie comme dernière demeure !

Philippe Auguste en 1182 crée une charte qui contient des franchises  reconnaissant aux habitants d’une localité un statut particulier de Ville neuve.

Dans les chartes données à La Villeneuve-au-Chêne en 1255 et à Vendeuvre en 1271, le chevalier Jehan de Durnay de Valéry, seigneur de Durnay est le fondateur de La Villeneuve. La place de « la Charme » s’appelle jusque sous Louis XIV, « Place Jehan de Durnay ». Les bourgeois de La Villeneuve « devaient ost et chevauchée » au seigneur. En août 1268, les Templiers font un accord avec les gens de La Villeneuve-au-Chêne, partageant un bois en deux. La Villeneuve a les mêmes seigneurs que Vendeuvre jusqu’au 4 décembre 1544, où Antoinette d’Amboise, femme de Louis de Luxembourg vend La Villeneuve et La Loge-aux-Chèvres à Jean de Mesgrigny, issu d’une des principales familles de la bourgeoisie de Troyes. Sa veuve, Marie de Pleurre, leurs fils et petit-fils, tous deux appelés Jean, furent seigneurs de La Villeneuve et de La Loge-aux-Chèvres.

         Des lettres patentes de juin 1571 établissent 2 foires : le 9 mai, jour de la Saint-Nicolas (à cette époque) et le 1er septembre, ainsi qu’un marché le mercredi de chaque semaine. A cette époque, il y a 108 feux à La Villeneuve-au-Chêne, 22 au Champ au roi (Champ-sur-Barse). La ville de Troyes venait acheter à La Villeneuve tous les bois dont elle avait besoin.

Pendant l’été 1591, les ligueurs sillonnent le pays et s’emparent de fermes et hameaux des environs de Vendeuvre, qui ne se relèvent pas de leurs ruines. Le maréchal d’Aumont qui commande l’armée royale de Bourgogne, se rapproche de Troyes et fait le siège du Château de La Villeneuve-au-Chêne, château fort, composé de 6 gros pavillons flanqués de tours, entouré de fossés, avec pont-levis, donjon, appelé le Château-Gaillard et appartenant à la famille de Mesgrigny. Il dominait un très vaste horizon. Le capitaine Daudenot y commande une forte garnison de cavaliers et de gens de pied. Ce capitaine s’est emparé des biens de M. de Mesgrigny, tant à La Villeneuve qu’à Briel-sur-Barse et à La Loge-aux-Chèvres. Le maréchal d’Aumont arrive à Polisot le 18 août, avec 2.000 Suisses et 2 canons. Le 22, il fait marcher ses troupes sur La Villeneuve et en fait investir le château. Daudenot y est surpris, mais il peut sortir avec quelques cavaliers, malgré la compagnie du comte de Châteauroux, fils du maréchal. Le surplus de la garnison ne veut pas se rendre, et nargue le maréchal, en disant : « Le maréchaux (sic), vient ferrer nos chevaux ! ». L’assaut est donné, ce qui reste de la garnison se cache dans les caves, on s’en empare et 15 de ces gens sont pendus à un arbre, sur la place du Château. Les autres sont conduits à Bar-sur-Seine, et ne retrouvent leur liberté que moyennant rançon et après de cruels traitements. La prise de ce château est un fait considérable, sa destruction eut lieu aussitôt. Les habitants de Vendeuvre y sont appelés par les ordres du maréchal, on tire le canon, et on y met le feu. Cette forteresse n’a jamais été reconstruite. L’Union voulut user de représailles. Le Conseil demanda au prince de Joinville l’autorisation de faire étrangler les soldats renfermés aux prisons de Troyes, en exceptant ceux qui n’avaient « volé sur les grands chemins ». Ces faits se passèrent du 22 au 26 août 1591. La Villeneuve est érigée en baronnie par lettres patentes du 7 septembre 1635, en faveur de Jean de Mesgrigny, maître des comptes. Par suite de partage, Vendeuvre et La Villeneuve passent le 8 septembre 1742 des Mesgrigny à Claude Léon Bouthillier de Chavigny, puis le 17 mai 1752, à Gabriel Jean-Baptiste Pavée, seigneur de Provenchères, qui a servi dans les armées royales pendant la première moitié du règne de Louis XV.

L’église date du XII° siècle, longue de 33,50 m, haute de 10 m. contient les chapelles de la Vierge et du Sacré Coeur. Le transept large de 16.50 m, reconstruit en partie au XVIII° siècle. Le 13 août 1829 et en 1849, l’orage et la foudre occasionnèrent des dégâts au clocher. En 1894, la couverture du clocher est entièrement refaite. Selon la coutume, les ouvriers promenèrent le coq dans le village, mais peu satisfaits du résultat de leur quête, ils empêchèrent le coq de tourner. Aujourd’hui, il a repris sa fonction de girouette ! Il y a 3 cloches : 1, 900 kg, de 1547, classée par les monuments historiques en 1913, 1 de 1607, 700 kg, baptisée par Jean de Mesgrigny, 1 de 1.150 kg, de 1637, également avec le nom de Jean de Mesgrigny. Lors de la Révolution, toute l’argenterie, les objets en cuivre, les ornements et les linges de l’église disparurent. Le maire de La Villeneuve-au-Chêne réussit à empêcher que les cloches soient transformées en pièces de monnaie. Le curé de La Villeneuve avait aussi pour paroisse La Loge-aux-Chèvres. En 1860, le presbytère en très mauvais état est reconstruit et en 1972, le Conseil municipal le vend.

De 1646 à 1742, La Villeneuve-au-Chêne s’est appelée La Villeneuve Mesgrigny, car elle appartenait à la famille de ce nom. 

En 1651, un religieux de l’abbaye Saint-Martin-ès-Aires de Troyes, prieur et maître spirituel de l’Hôtel-Dieu Saint-Bernard, natif de La Villeneuve Mesgrigny, prend en charge « l’entretien d’un maître d’école, soit ecclésiastique, soit laïc, pour instruire la jeunesse en la crainte et l’obéissance en Dieu et observation de ses saints commandements, et leur enseigner l’écriture, le chant pour chanter à l’église et autres bons et louables préceptes…». En 1780, l’école se trouvait en face l’église et pouvait contenir 120 élèves. En 1826, la commune acquiert un logement place de La Charme, pour l’instituteur. L’école devenant trop petite, Champ-sur-Barse et les hauts fourneaux attirant beaucoup d’ouvriers, est construite en 1848, l’actuelle mairie-école. En 1855, il y a 128 élèves. En 1857, la municipalité accueille des sœurs de la Providence, pour ouvrir une école de filles, d’après la nouvelle loi, et fait construire de 1860 à 1862, un logement pour les sœurs et une salle d’école sur la Place de La Charme.

En 1848, la royauté étant abolie et la République proclamée, un arbre de la Liberté est planté sur la place du village. En 1852, le Conseil municipal demande au Sénat que le pouvoir impérial soit placé dans les mains du prince Louis Napoléon. En 1856, le Conseil adresse une lettre à Sa Majesté Napoléon III, exprimant sa joie  de la naissance du Prince impérial. En 1894, le Conseil adresse une lettre à Son Excellence l’ambassadeur de Russie, lui demandant de transmettre à Sa Majesté l’Impératrice de Russie ses condoléances lors de la mort du tsar Alexandre III. 1908 construction du lavoir, 1920 érection d’un monument commémoratif des enfants de la commune, morts pour la France. En 1930, de vives protestations sont faites par le Conseil contre le projet Chabal.

Lorsque j’étais jeune, tout le monde connaissait « la Poterie » de La Villeneuve-au-Chêne (poterie grossière). Dès 1200, il y avait sur le territoire de La Villeneuve, plusieurs moulins à eau sur la rivière la Barse. La Poterie était  à l’origine, le moulin du village, créé par la maison de Mesgrigny, où les habitants du village allaient moudre leurs grains. Vers 1838, il devint une forge et fonderie avec hauts-fourneaux pour la transformation du minerai de fer extrait de la Bécassière, contrée voisine (où mon grand-père allait chasser). En 1880, c’est à nouveau une poterie, utilisant les argiles du voisinage. Une turbine hydraulique sur la rivière la Barse, produit l’électricité. En 1936, la Poterie est transformée en céramique sanitaire, par mon ami Joseph Altenbach (lorsque je me suis marié, je me suis fourni en 2° choix pour m’installer). En 1956, la production annuelle était de 3.000 tonnes ou 80.000 pièces, dont la cuisson était effectuée électriquement (La Céramique de l’Aube était alors le plus grand consommateur d’électricité de l’Aube). En 1969, la société intègre le groupe Lafarge, sous la raison sociale Allia (le n° 1 français du sanitaire), et 315.000 pièces sont fabriquées annuellement en 1983 (lavabos, vasques, lave-mains, WC…, en porcelaine vitrifiée). De 75 salariés en 1956, il y en avait 150 en 1983.

Coup de tonnerre le 17 mai 2016, l'usine qui avait été rachetée en 2015 par Geberit, multinationale suisse et n° 1 mondial du sanitaire annonce sa décision, de fermer le site de La Villeneuve-au-Chêne !

En décembre 2016, en raison de la décision de délocaliser Allia-Geberit au Portugal, les salariés durcissent le ton.

 

Il y avait 356 habitants en 1793, 642 en 1851 (108 à Champ-sur-Barse), et jusqu’à 780 en 1861. Mais en 1872, avec l’arrêt des hauts fourneaux suite à l’invasion prussienne, il n’y en a plus que 310 en 1931. La commune compte aujourd’hui 455 habitants.

 

          P.S. : pour le centenaire de la guerre 1914, une belle exposition a été réalisée par la Mairie. C’est ainsi que j’ai appris qu’une souscription avait été faite pour l’érection du monument aux morts, et que presque tous les habitants y avaient participé en donnant 1, 2, 3 F. J’ai eu la surprise de voir que mon grand-père était parmi les 4 plus généreux donateurs, avec 50 F !

 

 

 

 

La maison de mon grand-père
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Usine ALLIA
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