La vie à Troyes


Les Ecoles



Petits chanteurs de Champagne


Sous l’ancien régime on donnait le nom de « maîtrises » à des corporations dont les membres portaient le titre de maîtres. Par extension, ce nom servit à désigner l’établissement où l’on instruisait les enfants de chœur que les églises importantes entretenaient pour le service du culte et pour le chant de la musique sacrée.

 

La « Maîtrise de la Cathédrale de Troyes » est attestée dès l’an 1200, sous l’épiscopat de Garnier de Traisnel, mais remonte certainement plus loin, sans que l’on en puisse en avoir la preuve. Confiée à la vigilance d’un maître, celui-ci exerce son autorité sous le contrôle du Chapitre de la Cathédrale. Le maître se fait assister d’un sous chantre auquel il délègue l’initiative d’introduire au choeur les enfants et les clercs, avec possibilité d’avoir sur eux un droit de justice.

 

A partir de 1407, une bulle du Pape Benoît XIII, lui donne une forme institutionnalisée qui lui permet d’affronter le cours des siècles sans problèmes majeurs. En 1475, les petits clercs sont appelés « enfants d’aube », en vertu de leur longue tenue blanche. Au XVI° siècle, le patois champenois les assortit d’un nom plus coloré, ce sont les « chantonnots ». Pour développer son recrutement, le maître se rend volontiers dans les villages du diocèse. Assez souvent, les « chantonnots » viennent de la campagne : ainsi en 1443 de Bouilly, en 1516 des Grandes Chapelles, en 1570 et 1572 des Riceys, en 1573 de Brienne, en 1579 de Saint->Jean-de-Bonneval, en 1651 de Gyé…

 

Les familles « tiennent à honneur » de mettre leurs enfants au service du Chapitre. En les présentant, ils savent qu’ils les laisseront une douzaine d’années. Ils s’engagent à ne pas les retirer quand ils auront reçu une formation en rapport avec leur âge et leurs aptitudes.

 

Les enfants sont accueillis dans leur 6° ou 7° année, c’est l’âge idéal pour la formation des sopranos. Une place devient-elle vacante, plusieurs postulants sont fréquemment sur les rangs. A tour de rôle on leur demande de chanter, celui qui a la plus belle voix est seul admis, c’est une qualité absolument primordiale. Si la voix laisse à désirer, l’enfant est rendu à sa famille. Si elle vient à se perdre après une quelconque maladie, l’enfant est également rendu à ses parents. Des infirmités, comme l’incontinence d’urine, justifient un renvoi. Contrariées, désolées par une fin de non-recevoir, des mamans viennent parfois tenter l’impossible, elles supplient les bons chanoines de surseoir à une décision hâtive, d’attendre au moins que la voix soit formée. Peine perdue, la mesure prise est rarement rapportée.

 

Lorsqu’ils sont admis à la maîtrise, les enfants reçoivent des « vêtements ouatés », ils portent habituellement une soutane de drap ou de serge blanche, fabriquée à Troyes, elle est doublée et teinte en rouge. Au chœur ils mettent sur l’amict une aube serrée à la taille par un cordon. Les cheveux courts sont de rigueur. Une commission chargée de 2 chanoines surveille l’éducation. L’instruction est donnée dans une école qui dépend du chapitre. La formation acquise donne à la manécanterie une image de marque, elle est sollicitée pour des cérémonies extraordinaires : clôture de jubilés, processions générales, fêtes patronales, funérailles de dignitaire, Grands mariages, arrivée de hauts personnages ou de monarques…

 

Au moment où ils quittent la maîtrise, les grands enfants sont appelés à choisir leur carrière. S’ils s’orientent vers un métier, le chapitre les aide à couvrir les frais de leur apprentissage. Souvent ils se tournent vers le sacerdoce « auquel ils font honneur ». De brillants sujets ont été formés par la maîtrise : à plusieurs reprises elle a l’insigne honneur d’envoyer un clerc à la chapelle royale de Versailles. Un ancien évêque de la manécanterie devient évêque de Troyes : Nicolas de Brie. Et n’oublions pas que notre Pape Urbain IV restera le plus illustre des enfants de la maîtrise, qui était elle-même la plus renommée des écoles de la région. Un médaillon du bas-côté nord de l’église Saint-Urbain représente le futur pape au cours d’une leçon de plain-chant qui se déroule à la cathédrale : debout devant le lutrin, accompagné par 4 enfants plus jeunes, il tourne les feuillets d’un livre de musique. 

 

Au calendrier de la maîtrise figurent 2 fêtes importantes : la fête de l’âne et la fête des fous (voir ces chapitres).

 

La correction la plus ordinaire est le fouet. Fussent-ils âgés de 18 ans, les délinquants n’échappent pas à ce genre de punition, ils sont fouettés devant tous les enfants réunis.

 

Mais, comme toutes les institutions religieuses, « la maîtrise » tombe sous les coups de la Révolution. Au début du XIX° siècle, elle reste en sommeil. Elle se réorganise pourtant de 1866 à 1883, réalisant une belle période qui la conduit au succès. Ensuite, elle est livrée aux maigres ressources de la fabrique de la Cathédrale, puis confiée à des initiatives privées, qui se débattent à travers mille difficultés pour assurer sa survie.

 

En 1944, mon ami l’abbé Louis Velut fonde « Les Petits Chanteurs de Champagne ». Tous les enfants appartiennent à l’école Saint-Pierre et Saint-Jean de Troyes, tenue par les frères des Ecoles Chrétiennes (6 répétitions par semaine).

 

En 1956, à la demande de Monseigneur Le Couëdic, ils s’installent dans les locaux de l’Oeuvre de Jeunesse de la rue Jeanne d’Arc, avec la perspective d’y ouvrir une école.

 

1959 : c’est l’ouverture de l’école Saint Dominique Savio : 2 classes, 50 élèves.

 

1978 : ouverture d’un second cycle (4°), et en 1979 : 3°.

 

Ils sont emmenés en colonies de vacances l’été en Corrèze (ils ont acquis une maison), et l’hiver ils font un séjour à La Clusaz.

 

2009 : c’est le directeur du lycée privé mixte Saint Bernard, Francis Boivin, qui assure la direction et l’animation, en tant que chef de chœur, de la manécanterie des Petits Chanteurs de Champagne.

 

Chaque année, il y a une audition de recrutement ouverte aux garçons et filles âgés de 8 à 15 ans

 

En plus de leurs nombreuses tournées en France, les Petits Chanteurs de Champagne ont donné des milliers de concerts à travers le monde : Belgique, Luxembourg, Rome, Wesphalie, Allemagne, Autriche, Suisse, Italie, Palestine...

 

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